Le jeu Antifa, créé par les éditions Libertalia et le collectif La Horde, a vu ses ventes exploser après avoir été censuré par l’enseigne culturelle.
La Fnac a cédé aux sirènes de l’extrême-droite. Dimanche 27 novembre, la chaîne de magasins a supprimé de ses rayons le jeu de société Antifa après un ensemble de fake news colporté par un député du Rassemblement national et du Syndicat de commissaires de police nationale (SCPN). Ce même député, Grégoire de Fournas, qui, il y a quelques semaines, avait scandé dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale : « Qu’il retourne en Afrique » à propos du député Nupes Carlos Martens Bilongo.
Ce qui est vite devenu un « bad buzz » pour l’enseigne a commencé la veille lorsque le député RN cité plus haut a tweeté : « Case 1 : « je bloque une fac » Case 2 : « je tabasse un militant de droite » Case 3 : « j’attaque un meeting du RN » Case 4 : « je lance un cocktail Molotov sur les CRS » La @Fnac vous n’avez pas honte ? » en reprenant une capture d’écran du jeu vendu en ligne sur leur site. Problème : ces phrases n’existent pas. Le SCPN s’est empressé d’interpeller à son tour la Fnac sur le réseau social : « Un commentaire pour ainsi mettre en avant les antifas, qui cassent, incendient et agressent dans les manifestations ? ».
Qu’un député raciste et un syndicat proche de l’extrême droite condamnent un jeu antifasciste (donc anti-ce qu’ils sont) n’a rien d’exceptionnel. Le problème est la réponse de la Fnac : « Nous comprenons que la commercialisation de ce « jeu » ait pu heurter certains de nos publics. Nous faisons le nécessaire pour qu’il ne soit plus disponible dans les prochaines heures. » Dehors les antifas ! Bienvenue aux fachos !
Cette prise de position de la Fnac (qui au passage continue de vendre dans ses différents magasins des livres d’Alain Soral ou de Renaud Camus) a fait bondir les internautes sur les réseaux sociaux. Personnalités politiques, journalistes, militants et autres anonymes sont montés aux barricades contre l’enseigne qui pendant plusieurs jours est restée muette malgré la polémique. Un silence assourdissant rompu par un communiqué de presse mardi soir indiquant de nouveau la commercialisation du jeu après avoir « pris le temps d’analyser en profondeur le contenu ».
Pour les éditions Libertalia et le collectif antifasciste La Horde, qui ont créé ce jeu, c’est une aubaine. Les ventes sur leur site internet se sont envolées après l’interdiction. À l’heure d’écrire ces lignes, il était toujours indiqué sur le site des éditions Libertalia : « Grâce à votre solidarité, le tirage de la nouvelle édition du jeu Antifa est épuisé sur notre site. » Un joli coup de pub. Et une belle claque pour l’extrême-droite.
A.N.
Infos Parisiennes 